segunda-feira, janeiro 30, 2006

Duas lentes para “Match Point”

Quando vemos um filme podemos passar algum tempo a pensar nele. A estrutura narrativa, as personagens e os acontecimentos são recuperáveis pela memória e interpretáveis pelo espírito.
Muito desse trabalho que fazemos do cinema até casa e que nos acompanha, por vezes, ao longo de semanas, meses ou até mesmo anos, é um trabalho em grande parte de estabelecimento ou fixação de lentes com que vemos e revemos mentalmente o filme.
O filme “Match point” pode ser interpretado ou visto numa pluralidade de perspectivas. Por agora, importa-me referir apenas duas lentes.
A forma como a sorte é pensada no filme recorda-me a fábula de La Fontaine sobre o mercador bem sucedido que justificava a grandeza da sua empresa com base no saber. Os barcos exportavam e importavam mercadorias, a fortuna do mercador aumentava de viagem para viagem. Mas o mar é grande e a probabilidade dos perigos é tão maior quanto maior ele for.
O pior aconteceu. Um barco foi ao fundo, outro foi assaltado por piratas, outro não deu lucro, a empresa faliu e o nosso mercador, que anteriormente tinha explicado o sucesso com o saber-fazer, explicava agora a miséria com a má sorte. Isto dá que pensar. Não só no filme, mas também nas vidinhas que vivemos.
Quanto à segunda lente há a dizer o que se segue: não seja preguiçoso. Encontre-a você mesmo!

O texto de La Fontaine:
L'Ingratitude et l'Injustice des hommes envers la fortune
Un trafiquant sur mer par bonheur s'enrichit.
Il triompha des vents pendant plus d'un voyage,
Gouffre, banc, ni rocher, n'exigea de péage
D'aucun de ses ballots ; le sort l'en affranchit.
Sur tous ses compagnons Atropos et Neptune
Recueillirent leur droit tandis que la Fortune
Prenait soin d'amener son marchand à bon port.
Facteurs, associés, chacun lui fit fidèle.
Il vendit son tabac, son sucre, sa canèle.
Ce qu'il voulut, sa porcelaine encor :
Le luxe et la folie enflèrent son trésor ;
Bref il plut dans son escarcelle.
On ne parlait chez lui que par doubles ducats.
Et mon homme d'avoir chiens, chevaux et carrosses.
Ses jours de jeûne étaient des noces.
Un sien ami, voyant ces somptueux repas,
Lui dit : Et d'où vient donc un si bon ordinaire ?
- Et d'où me viendrait-il que de mon savoir-faire ?
Je n'en dois rien qu'à moi, qu'à mes soins, qu'au talent
De risquer à propos, et bien placer l'argent.
Le profit lui semblant une fort douce chose,
Il risqua de nouveau le gain qu'il avait fait :
Mais rien, pour cette fois, ne lui vint à souhait.
Son imprudence en fut la cause.
Un vaisseau mal frété périt au premier vent.
Un autre mal pourvu des armes nécessaires
Fut enlevé par les Corsaires.
Un troisième au port arrivant,
Rien n'eut cours ni débit. Le luxe et la folie
N'étaient plus tels qu'auparavant.
Enfin ses facteurs le trompant,
Et lui-même ayant fait grand fracas, chère lie,
Mis beaucoup en plaisirs, en bâtiments beaucoup,
Il devint pauvre tout d'un coup.
Son ami le voyant en mauvais équipage,
Lui dit : D'où vient cela ? - De la fortune, hélas !
- Consolez-vous, dit l'autre ; et s'il ne lui plaît pas
Que vous soyez heureux ; tout au moins soyez sage.
Je ne sais s'il crut ce conseil ;
Mais je sais que chacun impute, en cas pareil,
Son bonheur à son industrie,
Et si de quelque échec notre faute est suivie,
Nous disons injures au sort.
Chose n'est ici plus commune :
Le bien nous le faisons, le mal c'est la fortune,
On a toujours raison, le destin toujours tort.